Le choc est brutal : Eddie, une poupée qui symbolise un enfant, vient d’être percutée par une voiture et projetée à plusieurs mètres. Autour, une vingtaine d’élèves assistent, sidérés. L’accident est simulé, mais la stupeur, elle, est bien réelle.
La scène se déroule à Yverdon-les-Bains, à deux pas de l’école des 4 Marronniers.
Sur le trottoir, une classe d’enfants de 7 à 9 ans, encadrés par leur enseignante, participe à une séance de prévention routière hors du commun. Aujourd'hui, deux policières spécialisées, formées à l’instruction en milieu scolaire, les initient aux dangers de la circulation, notamment lors de la traversée de la route.
L’expérience d’Eddie est le moment fort : une démonstration spectaculaire qui rappelle qu’un accident peut survenir à chaque instant, surtout quand on n’emprunte pas un passage pour piétons ou que l’on s’élance sur la route sans prêter attention à la circulation.
Une policière interpelle les écoliers suite à la simulation de l’un d’eux traversant la chaussée en étant masqué par une voiture :
– Non mais, vous avez vu ce qui s’est passé ?
La stupeur est de mise...
– Et vous savez à quelle vitesse roulait la voiture ?
Les doigts se lèvent et les réponses fusent : 90 km/h, 60 km/h… Un élève impressionné s’aventure même à plus de 120 km/h. La réalité surprend : moins de 30 km/h. La prise de conscience est immédiate.
Une expérience qui marque les esprits
Tout au long de la séance, les élèves sont invités à participer activement. Comment bien attacher sa ceinture ? Combien de temps faut-il pour s’arrêter lorsqu’on court à pleine vitesse ? Quelle règle retenir avant de traverser ? Ensemble, ils répètent : S’arrêter. Regarder. Écouter. Trois mots simples, mais essentiels.
La présence des policières n’a rien de répressif. Leur mission est d’accompagner avec bienveillance, de protéger, de rappeler que, sur la route, chacun est vulnérable. Leur proximité avec les enfants, le ton direct et participatif, permettent d’instaurer un climat de confiance dans un esprit de partenariat avec la sécurité.
À la fin de la séance, les élèves repartent avec de petits cadeaux offerts par les instructrices. Mais ce qu’ils emportent surtout, c’est l’image frappante d’Eddie projeté sur le bitume. Une scène qui restera gravée dans leurs mémoires comme un rappel : sur la route, la vigilance est la meilleure protection.
Lors des vacances estivales, rendez-vous pour un cours de circulation routière au Jardin de la circulation
Natacha, Laure, Letizia, un trio très engagé pour la prévention scolaire
En classe de 8P, les instructrices de la Police Nord Vaudois évoquent des sujets sensibles : harcèlement, insultes, vols, réseaux sociaux, menaces, images partagées à la hâte qui échappent ensuite à tout contrôle. On croit discuter avec une copine de 12 ans, et en réalité… c’est du «grooming» souffle une élève, consciente du piège. L’anonymat derrière les écrans ouvre une brèche où tout semble permis et, en un clic, un contenu peut être transféré à des centaines de personnes.
Autrefois, le seuil de la maison offrait un répit. Aujourd’hui, le monde extérieur s’invite jusque dans la chambre, au travers d’un écran qui ne se tait jamais. Le cercle vicieux est sans fin : un message posté sur WhatsApp, une vidéo sur TikTok, une photo qui circule… Même si l’enfant tente de se soustraire, la rumeur sur les réseaux sociaux continue. La pression est constante, jusqu’à devenir insoutenable.
Les conséquences peuvent être graves : isolement, anxiété, parfois même des pensées suicidaires. Dans ce contexte, la prévention n’est pas un luxe, mais une nécessité.
Certains parents sont attentifs, d’autres le sont moins
Les familles ne vivent pas toutes la même réalité. Chez certains, aucune limite : téléphone en poche dès le plus jeune âge, réseaux sociaux accessibles sans filtre. Ailleurs, au contraire, une discipline stricte : pas d’écran avant 14 ans. Entre ces deux extrêmes, une multitude de situations reflètent l’inégalité des repères.
Face à ces réalités mouvantes, la police ne vient pas seulement rappeler la loi. Elle cherche avant tout à recréer un espace de dialogue. Par le tutoiement et en racontant ses propres souvenirs d’élève, elle brise la distance du «flic». Le message est clair : il ne s’agit pas d’avoir peur, mais de comprendre que des mots blessent, que des images circulent, et qu’un geste irréfléchi peut bouleverser une vie entière.
Les parents ont un rôle primordial à jouer.
Le portail sois-prudent.ch est mis à leur disposition comme référence.
Réseaux sociaux : un terrain mouvant
Snapchat, Instagram, TikTok, WhatsApp : les noms changent, mais les problématiques restent. Les jeunes, eux, s’y sentent à l’aise, parfois plus que les adultes. Chaque jour, ils inventent de nouveaux codes, détournent les outils, se connectent à des mondes parallèles. Mais derrière la légèreté apparente, les risques s’accumulent. Or, la loi est claire : une insulte virtuelle est une insulte réelle. La distance de l’écran ne protège de rien.
Ce qui nous préoccupe, nous les adultes, ce n'est pas forcément ce qui les inquiète, mais ce qui les intéresse le plus. Et il y a de beaux échanges autour de ça. Ils maîtrisent souvent mieux que nous. Chaque fois qu'on intervient, on apprend de nouvelles choses, nous confie Natacha.
Il est essentiel de faire comprendre aux enfants que le monde numérique est régi par les mêmes règles que la vie réelle. Usurper une identité, publier des photos sans consentement, intimider : tout cela reste puni par la loi, même si c’est en ligne. L’éducation à ce niveau est fondamentale, car les enfants, du fait de leur âge, n’ont pas encore les filtres nécessaires pour percevoir les dangers.
L’exemple d’un élève qui a déclenché l’alarme incendie pour provoquer, et qui a entraîné l’évacuation de toute l’école, montre la difficulté à faire comprendre les enjeux réels.
Pour répondre à ces situations, l’école mobilise ses médiateurs, ses psychologues, ses doyens. Mais lorsque la spirale devient trop lourde, la police entre en scène. Les interventions ne sont pas toujours liées à des sanctions pénales. Il s’agit parfois de temps de conciliation où il est nécessaire de s’asseoir autour d’une table, avec l’enfant, l’auteur, les parents, parfois la direction, pour dire : «Stop», tu es allé trop loin. Voilà ce qui est en jeu. Dans les cas plus lourds, un rappel à la loi peut être fait en classe ou un recadrage dans les locaux de la police, nous explique Letizia, parfois en présence des parents, de la direction et de la victime. Les conséquences pénales sont expliquées et des solutions sont trouvées.
Laure ajoute une précision qui montre que chaque intervention est pensée sur mesure. «Nous avons aussi mis en place un dispositif alternatif à la dénonciation, ceci avec le soutien du Tribunal des Mineurs ; les jeunes en infraction routière légère participent à une séance obligatoire de 1h30, le mercredi après-midi. Et cela fonctionne bien. Une soixantaine d’enfants y ont déjà pris part.»
La réussite se mesure surtout à l’absence de récidive, lorsque la situation s’apaise et que le nombre de mauvais comportements diminue. Elle se lit dans le regard de ces jeunes qui, croisant une policière instructrice dans la rue, lui adressent un signe de reconnaissance en guise de remerciement. Elle s’exprime aussi dans l’attitude des parents, émus de découvrir ce que vivent leurs enfants, eux qui cachent souvent la vérité par honte ou par peur.
Alors, quand la police entre dans une classe, c’est pour rappeler que la sécurité est un bien commun fragile, qui demande à chacun vigilance et respect. Dans un monde où les repères se brouillent, elle vient soutenir plutôt que punir, avec la conviction que les jeunes peuvent trouver leur place et faire les bons choix — pour peu qu’on les aide, qu’on les écoute et qu’on soit présents.
Plus d'informations, consultez le site internet : Police Nord Vaudois
Le personnel de l’unité «Prévention circulation», composé de trois instructrices de prévention spécialement formées pour intervenir dans les classes, visite annuellement quelque 6’500 élèves dans les établissements scolaires des neuf communes de la Police Nord Vaudois.
Elles sont également en charge des campagnes de prévention routière et des contrôles de circulation.
Nos missions
1. Programme de prévention routière
Il s’agit de sensibiliser les élèves aux dangers de la circulation routière et de leur enseigner les comportements corrects à adopter en tant que piéton, cycliste et utilisateur d’engins électriques (trottinette, vélo électrique).
2. Programme de prévention contre la délinquance juvénile
La prévention de la délinquance juvénile permet de sensibiliser notre jeunesse et de les amener à agir préventivement contre les actions délictueuses visant des personnes ou des choses. Le but est de les amener à prendre conscience des conséquences d’un comportement qui pourrait les conduire à commettre divers délits et infractions.
3. Autres prestations
Hors milieu scolaire :