Chroniques de l'histoire
Reconnu dans un café d'Yverdon où il s'était installé, travesti en pêcheur de rivière, Louis Gavillet, l'assassin-incendiaire de Bionnens, a été arrêté sans offrir la moindre résistance. Conduit au poste de police. Il avoua :
Oui, je suis Louis Gavillet, mais avant de parler, donnez-moi à manger, je crève de faim !
Dimanche soir 3 août 1952, à Bionnens se déroula un drame de la vengeance. Un détenu de Bellechasse évadé qui en voulait à son ancien patron, syndic de la petite localité de Bionnens, à la frontière vaudoise, se posta à quelque distance de la ferme, attendant l'occasion de perpétrer son crime bien mûri. Un coup de feu part vers 22 heures ce dimanche soir, ce n'est pas le syndic qui est atteint, mais son futur beau-fils, un jeune homme de 25 ans, Roger Bovey. Une ferme attenante à la maison du drame s'enflammait quelques minutes après.
L’assassin a accompli son œuvre. On le connaît : la police, aussitôt mise sur pied fait des battues. On pense prendre rapidement le misérable. Il faut bientôt désenchanter. Rusé, connaissant le pays comme sa poche, Gavillet demeure introuvable, faisant peser sur la contrée la lourde menace de sa présence indécelable.
Ce n'est que le mardi douze août que le criminel était arrêté à Yverdon, dans les circonstances que tout le monde connaît : attablé à une table de café, il est reconnu par la sommelière et un consommateur, malgré l'apparence de paisible pêcheur qu'il avait su se donner. C'est avec un immense soulagement que les habitants de Bionnens ont connu cet épilogue, car l'assassin Gavillet avait proféré d'autres menaces qu'on craignait voir s'exécuter.
Au cours de nombreux interrogatoires, il a narré sa vie d'homme traqué. Après avoir quitté sa cachette du bois de Saulgy, il franchit la Broye au nord de Moudon, puis ce restaura dans deux cafés de Moudon. Ensuite, lisons-nous dans L'Indépendant, il fit route sur Thierrens, atteignit les bois de Donneloye et, pénétrant dans le village, se ravitailla - comme on sait - dans une boulangerie et une épicerie. De là, il franchit un barrage de gendarmerie et, vivant de fruits tombés, de carottes tirées du sol, il gagna la région d’Yvonand où il s'empara de l’attirail de pêcheurs dont on le trouvera porteur.
«Le jour, précise Louis Gavillet, j'avançais prudemment dans les bois. La nuit, j'empruntais les chemins prêts à m’enfoncer dans les champs et les fourrés à la moindre alerte.» Quant au jeune Bovey, sa victime de Bionnens, l'assassin se borne à dire: «Je me suis tout de suite rendu compte de mon erreur et je pensais revenir le lendemain pour «descendre» le syndic. Mais il y avait partout des gendarmes.» Louis Gavillet est maintenant aux mains de la justice fribourgeoise. Il est passible de la réclusion à perpétuité. Les débats seront passionnants et passionnés. Il faudra établir, entre autres choses, les raisons de l'animosité tenace que Louis Gavillet nourrissait à l'endroit de son homonyme, le syndic Oscar Gavillet.
Légende de la photo principale :
Après avoir été interrogé et restauré au poste de police d'Yverdon, Louis Gavillet, en bottes de pêcheur et casquette blanche, est conduit à la voiture de la Sûreté vaudoise qui le transportera à Lausanne avant que la justice vaudoise le rende à celle de Fribourg. De g. à dr., le sergent Louis Pahud, Louis Gavillet, le brigadier Magnien, le sous brigadier Jacques (ces deux derniers de la sûreté vaudoise) et, masqué, l’appointé Posper Gaudit. Ce sont les agents yverdonnois Pahud et Gaudit qui ont procédé à l'arrestation de Louis Gavillet au Café de la Plaine, où il avait été reconnu par la patronne, Mme H. Meyer, la sommelière, Mlle Yollande Menetrea, et est retenu diplomatiquement par un consommateur n'ayant pas froid aux yeux, M. Guisolan, livreur à Renan.
Entourée de la foule considérable, la voiture de la Sûreté vaudoise va quitter Yverdon, emportant à Lausanne le meurtrier-incendiaire de Bionnens qui, durant dix jours, mis sur les dents la gendarmerie et la police locale des deux cantons. (Photo Yverdon-Revue).
Sources: articles des archives de la Police Nord Vaudois
La porte du cachot qui enferma Louis Gavillet après son arrestation (à l'ancien Poste de Police du Goulet où se situe aujourd'hui le Musée d'Ailleurs), a été rénovée et déplacée à la rue du Valentin 9, où elle est toujours visible de nos jours.
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