Imaginez un centre-ville où chacun installe sa terrasse comme il l’entend, organise un concert au pied de son immeuble ou bloque une rue pour fêter son anniversaire. Ajoutez 30'000 habitants et des milliers de véhicules qui traversent chaque jour Yverdon-les-Bains. Le résultat ? Un chaos urbain digne de Gotham City.
Ici pourtant, pas de super-héros masqué. Ce rôle bien réel est assumé par Amaëlle et Dany, visages bien connus de la Police du commerce. Depuis plus de dix ans, ils veillent à l’équilibre d’un centre-ville où cohabitent plusieurs centaines d’établissements publics et de commerces et jusqu’à 600 manifestations par an. Dialogue, conseils, fermeté quand il le faut : leur quotidien, c’est faire en sorte que la ville reste vivante, attractive et agréable à vivre pour tous.
7h du matin. Dans le bureau, Amaëlle et Dany échangent quelques mots complices avec leurs collègues du service. Déjà, les premiers dossiers s’empilent : autorisations de terrasses, demandes de manifestations, réclamations diverses. La journée s’annonce dense, partagée entre administratif et terrain.
Dehors, la ville s’éveille. Les pendulaires affluent, les vitrines s’illuminent, les premiers clients franchissent les portes. Yverdon-les-Bains s’anime, avec son lot d’imprévus que la Police du commerce devra gérer.
«Chaque jour, on jongle entre des demandes très simples et d’autres bien plus complexes, explique Amaëlle. Pour l’organisateur, son projet est unique. Pour nous, il doit s’intégrer dans un environnement plus vaste, souvent avec effet domino.»
Informer, accompagner, contrôler : trois missions, parfois exigeantes, souvent sensibles. Mais aussi un métier riche de diversité. Commerçants, restaurateurs, organisateurs, associations, acteurs culturels ou sportifs, mais aussi une collaboration transversale avec différents services de la Ville ou prestataires : voirie, unité technique, culture, jardins, énergies ou service du feu, Bureau sanitaire des manifestations : chaque dossier ouvre de nouvelles perspectives.
Et puis, il y a le terrain : contrôles en soirée, passages le week-end, visites lors des manifestations. «Ces moments donnent de l'élan, ajoute Amaëlle. Même si l’administratif occupe la majeure partie de nos journées, c’est dehors qu’on retrouve l’énergie du métier.»
Leurs interlocuteurs ? Des commerçants, des organisateurs chevronnés comme des novices, chacun avec ses attentes. La Police du commerce collabore aussi avec la promotion économique de la Ville et la Société Industrielle et Commerciale. Les assises du commerce offrent, elles, une belle opportunité de croiser les visions. Toujours dans un esprit de proximité, une séance périodique est organisée entre les restaurateurs et le Service de la sécurité publique. Ils se retrouvent pour échanger.
«C’est l’occasion de mettre cartes sur table, souligne Dany. On parle des problèmes, des questions, des améliorations possibles. Certains participent volontiers, d’autres moins… mais la porte reste ouverte.»
Il poursuit : «Les commerçants arrivent souvent avec leurs idées, qui ne s’inscrivent pas toujours dans le cadre des règlements. Cela crée de la frustration, d'autant plus si la demande arrive tardivement. Nous savons que, pour eux, ces démarches s’ajoutent à d’autres défis. Alors nous les accompagnons avec bienveillance.»
Notre quotidien réserve aussi son lot de situations très variées.
«Parfois, nous recevons des demandes vraiment curieuses, sourient-ils. Une personne a voulu organiser une séance photo avec un cheval dans le lac. Une autre souhaitait placer des moutons dans un champ. Et la plus insolite : un témoin de mariage voulait mettre en scène un faux enlèvement avec un faux policier sur la place Pestalozzi… Une demande, bien sûr, refusée pour des raisons évidentes de sécurité.»
Certaines situations nous exposent toutefois plus que d’autres. Difficile d’oublier l’épisode du Covid, véritable point de rupture. Les commerçants étaient déjà en grande difficulté, et nous devions relayer des décisions très strictes du Conseil fédéral. Avant même d’entrer dans un commerce, nous savions que la tension serait là. C’est nous qui encaissions la colère, parfois très vive, alors que les règles ne venaient pas de nous.
Avec le temps, nous avons appris à prendre du recul et à comprendre que cette colère visait la situation, pas notre personne.
Virginie Loth Pereira et Jérôme Charlton, au Marché de la Promenade Auguste-Fallet, tous les mardis matin.
Ils savent aussi composer avec les tempéraments : réfractaires, négociateurs… « Convaincre plutôt qu’imposer, c’est la clé, dit Dany. Le respect mutuel est la base.» Leur rôle : trouver en permanence l’équilibre entre rigueur et pédagogie, et rappeler la vue d’ensemble — cohabitation des manifestations, sécurité du public, respect du voisinage, logistique de la ville.
Chaque année, 500 à 600 autorisations de manifestations sont délivrées. Du simple anniversaire dans un refuge à un grand événement sportif ou culturel. Pour l’organisateur, son projet est toujours le plus important. Pour nous, il doit trouver sa place dans un calendrier global et coexister avec ce qui se passe autour. Parfois, il faut donc l'adapter dans un équilibre fragile.
Dans une ville à taille humaine où beaucoup se connaissent, les rumeurs circulent vite. Et avec les réseaux sociaux, elles prennent rapidement une ampleur disproportionnée. Pour éviter tout dérapage, chaque décision est consignée par écrit. Les dossiers sensibles sont transmis à la hiérarchie ou à la Municipalité et, dans les cas extrêmes, c’est le Canton qui peut intervenir.
Leur conseil ? «Anticiper», tranchent-ils. Un grand événement mobilise plusieurs services et se prépare des mois à l’avance. Idéalement, le dossier est bouclé un mois avant. Pour les demandes standards, le délai minimum est de deux semaines. Plus le dossier est complet, plus il sera traité rapidement et efficacement.
Nous ne sommes pas là pour freiner, conclut Amaëlle, mais pour faciliter les projets dans un cadre sûr et équitable. Derrière l’uniforme, il y a surtout des personnes qui cherchent des solutions, dans l’intérêt de tous.
La police du commerce est à disposition des commerçants yverdonnois pour toute requête administrative (ou technique) concernant les établissements publics, commerces, manifestations, foires et marchés, lotos, tombolas, usage accru du domaine public, artistes de rue, appareils automatiques, etc ... Elle s'occupe en outre de la délivrance des autorisations relatives aux activités précitées et participe au contrôle de celles-ci.
024 423 66 17
polcom(at)yverdon-les-bains.ch
Rue du Valentin 12 | Case postale | 1401 Yverdon-les-Bains
Informations et formulaires : consultez notre site internet
–––––––––
Avec nos remerciements au Restaurant Pizzeria La Grange à Yverdon-les-Bains pour son accueil lors de la prise de vue.