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Rédaction
Benoît Renevey (magazine Nous Autres)
Medias
Photographies ©Benoît Renevey, naturecommunication.ch

L'or des roseaux

La «Grande Cariçaie» désigne la zone marécageuse qui s'étend le long de la rive sud du lac de Neuchâtel. Je suis né au bord de ce lac, à une époque où l'on ne parlait pas encore de Cariçaie; pour nous, enfants, c'était tout simplement les grèves.

J'ai découvert cette rive en m'y baignant, en y construisant des cabanes ou encore en y jouant aux cow-boys et aux indiens...

Les forêts inextricables au sol détrempé, les prairies de laiches, d'où nous ressortions jambes et bras lacérés étaient des terrains de jeu et d'exploration peu communs que les adultes ne fréquentaient guère. Seuls, hors du monde, nous nous retrouvions plongés dans nos rêves. Perchés sur les solides branches des saules, nous observions de loin la progression de «l'ennemi». Les lianes, longues et solides tiges de la clématite, nous procuraient une retraite rapide, façon Tarzan. Occupé à guerroyer avec force bruits, je n'ai aucun souvenir de rencontre avec une bête sauvage. De cette époque, je garde en mémoire l'odeur de la menthe aquatique foulée par le pied, le piquant du froid sur les mains rougies, la tige de noisetier taillée en arc, le bruit des bottes remplies d'eau ou la fraîcheur bienfaisante du vent venant du large sur nos visages en sueur.

Mon attachement aux grèves aurait pu prendre fin en même temps que mon enfance. Mais la Grande Cariçaie me réservait davantage. Je me souviens très bien de la première rencontre avec ce marais en tant que milieu vivant. Cet événement fut décisif. J'avais alors 12 ans. Un camarade de classe m'avait invité à participer à une séance de baguage d'oiseaux qui se déroulait au bord du lac. Sur place juste avant le jour, mon excitation à l'idée de caresser un oiseau me laissait indifférent au spectacle des brumes automnales s'élevant des prairies gorgées d'eau. Ma curiosité me poussait vers ces filets au contenu si précieux. Je sens encore la douceur et la chaleur du premier oiseau que je touchai. J'étais émerveillé par cette petite boule de plumes au corps vibrant dans ma main. Je pense que je fus pris à ce moment-là; la Grande Cariçaie m'avait envoûté.

Les images sont pour moi un moyen de partager les instants privilégiés passés au cœur de la nature. J'espère ainsi mettre en évidence la beauté, la délicatesse et la fragilité du monde qui nous entoure.

Benoît Renevey

se passionne pour la nature depuis l’âge de 12 ans. Après des études de biologie, il a travaillé pendant 25 ans au service de la protection de la nature dans le centre Pro Natura de Champ-Pittet. Il a dirigé la commission mettant sur pied le festival Salamandre durant 12 ans.

Il photographie la nature depuis de nombreuses années. Il a publié plusieurs livres et il collabore régulièrement avec divers magazines.

Bibliographie:

  • Le faucon de l’espoir, éd. Salamandre, octobre 2022
  • Nature vaudoise - Escapades dans 21 réserves naturelles, éd. Pro Natura et Rossolis, 2015
  • Jura de combes en crêts, éd. Slatkine, 2012
  • Mon Jardin sauvage, éd. Mondo, 2011
  • L'Or des Roseaux, éd. Slatkine, 2001
  • La Grande Cariçaie, les rives sauvages du lac de Neuchâtel, éd. 24H, 1991

www.naturecommunication.ch

Le faucon de l'espoir

Un beau livre sur l’exceptionnel retour de la crécerelle, le petit faucon autrefois menacé. Une saga humaine et animale au cœur de nos campagnes, l’histoire vraie d’une victoire inspirante.

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Benoît Renevey (magazine Nous Autres)
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Photographies ©Benoît Renevey, naturecommunication.ch

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