Le vignoble de Bonvillars est un lieu de vie privilégié, et les amateurs de grand cru ne sont pas les seuls à en profiter ! C’est aussi un écosystème vivant où la faune et la flore cohabitent dans un équilibre fragile.
Les parcelles viticoles de la Ville d’Yverdon-les-Bains offrent un refuge à de nombreuses espèces, grâce aux initiatives prises en faveur de la biodiversité. Mais qui sont ces habitants discrets des vignes, et pourquoi leur présence s’avère-t-elle si précieuse ? Partons à la découverte de ce monde riche et varié : véritable trésor de notre patrimoine naturel, où agriculture et biodiversité sont étroitement liées.
Rencontre avec Alexandre Maillefer, du bureau Maillefer & Hunziker, environnement et géomatique
Remontons dans le temps. Pendant la dernière période glaciaire, le glacier du Rhône a façonné de nombreuses moraines dans les zones du pied du Jura, créant des conditions idéales pour l’implantation des vignes. Les sols de la région, constitués de ces vestiges glaciaires, combinent une richesse minérale et un microclimat particulièrement favorable à la viticulture et au développement d’une biodiversité importante.
Pourquoi protéger cet équilibre ?
Avec le temps, certaines pratiques agricoles intensives ont bousculé cette biodiversité. Les désherbants, les haies arrachées, les murets abandonnés… Tout cela a appauvri les sols et fait disparaître de nombreux habitants. Mais des solutions existent !
Pour rétablir cet équilibre, la Ville d’Yverdon-les-Bains a lancé un Plan directeur de la Nature. Ce plan ne vise pas seulement à protéger la nature : il cherche à créer une harmonie entre agriculture et biodiversité.
Et en ce qui concerne la biodiversité dans les vignes ?
Dans les parcelles communales, plusieurs mesures ont déjà vu le jour :
Par ailleurs, un aspect important est celui des filets servant à protéger les vignes des étourneaux. Ces filets peuvent devenir des pièges mortels pour des espèces vulnérables, telles que la huppe fasciée. On utilise maintenant des filets latéraux, et des bénévoles interviennent à l’automne pour libérer les oiseaux accidentellement pris au piège.
Ces actions ne se contentent pas de préserver des espèces menacées, mais elles renforcent aussi la résilience des parcelles viticoles face aux défis climatiques et environnementaux.
Un équilibre essentiel entre la nature et l'agriculture qui démontre que la production viticole peut coexister harmonieusement avec la biodiversité.
Imaginez une plaine agricole où de petits milieux naturels sont isolés, comme des îles dans un océan de champs de blé. Ces micro-écosystèmes, semblables à des espaces clos, favorisent la reproduction entre individus, entraînant une atrophie génétique. À terme, cela peut mener à la disparition d’espèces si aucun lien n’est établi entre ces îles. Pour prévenir cela, il est important de créer des corridors écologiques. Dans la nature, ils peuvent prendre la forme de bandes herbeuses, de haies ou encore de petits bosquets, permettant à la vie de circuler librement et de s’épanouir. Ces corridors fonctionnent comme un réseau routier pour les espèces, facilitant les échanges génétiques et la dispersion. On les nomme communément l'infrastructure écologique (zones d’échanges entre différentes populations).
La vigne est parfaite pour servir de corridor écologique. C’est pour cette raison qu’il est important de bien gérer ces espaces afin de favoriser la biodiversité, en évitant par exemple l’utilisation excessive de pesticides, en installant des murets en pierres sèches pour les reptiles, des murgiers, des nichoirs, etc. Pour que des espèces comme la huppe fasciée puissent survivre, elles ont besoin d'un biotope adapté. Les mesures que nous mettons en place dans les vignes visent précisément à protéger ces milieux favorables à leur épanouissement.
Une telle démarche nécessite une collaboration étroite entre les différents acteurs : les communes, les exploitants agricoles, les biologistes et les citoyens. Chacun a un rôle clé à jouer pour préserver notre environnement.
Nous sommes toutes et tous concerné·e·s
Cela implique également un véritable changement de paradigme. Certains viticulteurs sont novateurs pour essayer de nouvelles techniques, tandis que d’autres restent prudents en raison des contraintes économiques. Les viticulteurs doivent déjà faire face à des défis comme le gel ou la sécheresse, donc introduire des changements peut sembler risqué.
Mais cela concerne aussi chacun d’entre nous. Comprendre l’importance de cet équilibre, soutenir les initiatives locales, et transmettre ce patrimoine aux générations futures, voilà notre rôle dans ce défi.
Nous devons intégrer notre rôle dans l’écosystème. Il ne s’agit pas seulement de préserver la biodiversité pour la nature, mais aussi pour nous-mêmes. Beaucoup de choses qui semblent évidentes, comme notre alimentation ou notre qualité de vie, dépendent en réalité d’un équilibre fragile. Préserver cet équilibre, c’est transmettre un environnement meilleur aux générations futures.
L'infrastructure écologique expliquée simplement - Avec l'aimable autorisation de l'Office fédéral de l’environnement (OFEV)
Nous collaborons étroitement avec le service Mobilité, Environnement et Infrastructure de la ville d’Yverdon-les-Bains. Notre mission est de fournir des mesures, de conseiller sur leur mise en place et de suivre les chantiers pour garantir les objectifs fixés.
Notre bureau, spécialisé en biologie et en géomatique, travaille à différents niveaux pour préserver et intégrer la biodiversité. Nous travaillons en collaboration avec les communes, les cantons et la Confédération sur divers projets, notamment la gestion des cours d’eau, les réseaux écologiques en agriculture et la restauration des habitats naturels.
Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche globale visant à améliorer la qualité de vie, à combattre les îlots de chaleur et à verdir les milieux urbains. La sensibilisation du public reste un enjeu clé, car mieux comprendre la biodiversité, c’est mieux la protéger.
Mesures entreprises dans le vignoble de la Ville :
Limitation des pesticides et des herbicides
Les produits phytosanitaires d’une manière générale contribuent à diminuer la concurrence entre la strate herbacée et la vigne pour les herbicides et diminuer la pression des insectes indésirables pour les insecticides. La réduction des produits phytosanitaires permet de ménager les auxiliaires de culture, en particulier les guêpes prédatrices et autres parasitoïdes des insectes.
Avifaune
Plusieurs espèces d’oiseaux sont caractéristiques du vignoble, comme le torcol fourmilier, la huppe fasciée, qui sont des oiseaux qui se nourrissent au sol de larves d’insectes. Il y a aussi quelques espèces qui sont indésirables, comme l’étourneau, ou le moineau qui prélèvent de raisin et pour lesquelles le viticulteur prend des mesures de protection (filets).
Nichoirs pour le torcol fourmilier
Il y a encore 20 ans, le torcol avait pratiquement disparu de la région, essentiellement par manque de cavités pour la nidification. Au contraire des autres membres de la famille des pics, il ne creuse pas de trou. La culture de la vigne est un environnement qui lui convient bien pour se nourrir au sol.
Nichoirs pour la huppe fasciée
La huppe avait complètement disparu de la région au début du siècle et n’était plus présente en Suisse que dans 2 ou 3 régions comme le Valais, ou la campagne genevoise. Grâce à des projets importants de protection, elle est peu à peu revenue dans nos régions.
Filets de protection
Les filets de protections couvrants se révèlent être des pièges mortels pour les oiseaux et la petite faune (hérissons) s’ils sont en contact avec le sol.
Mesures pour la petite faune
Par petite faune, on entend essentiellement les insectes, araignées, etc. mais aussi quelques reptiles, comme le lézard des murailles et de plus en plus rarement la coronelle lisse ou la vipère aspic. Ces reptiles se nourrissent d’insectes pour les lézards et de campagnols pour la coronelle ou la vipère. Pour les reptiles, c’est plutôt des zones refuges (vieux murs, murgiers…) qui sont nécessaires d’où l’intérêt de la présence de structures.
Mesures pour la flore
Comme déjà dit plus haut, la diversité floristique a beaucoup diminué dans les vignes. Des espèces autrefois fréquentes, comme la tulipe sauvage, l’ail des vignes ou encore les muscaris étaient propagées par le travail du sol, qui a été remplacé par les herbicides. Quelques mètres par rang pourraient être consacrés à ces plantes où les traitements chimiques seraient remplacés par le travail du sol. Un projet de réintroduction de la tulipe sauvage pourrait y être réalisé sous forme de bulbes provenant de la région.
Labellisés aux couleurs du vin d’honneur de la Ville d’Yverdon-les-Bains, le pinot noir (Arquebuse) et le rosé (Œil de Perdrix) sont disponibles sur simple commande.
Service Mobilité, Environnement et Infrastructures
Rue de l’Ancien-Stand 4 - 1401 Yverdon-les-Bains
Tél. 024 423 63 64 · mei@yverdon-les-bains.ch
À la question : Quelle espèce emblématique trouve refuge dans les vignobles d'Yverdon-les-Bains? La bonne réponse était bien l'élégante huppe fasciée. Toutes nos félicitations à Quentin Frick qui g...
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