Représentantes du MuMode, autorités, styliste de renom, professeurs du Centre de formation professionnelle Arts de Genève et invités, tous étaient là pour marquer le coup d’envoi du nouvel espace du Musée d’Yverdon et région. Le vernissage de l’espace permanent proposé par le MuMode et dédié au couturier yverdonnois Robert Piguet, mentor de Dior et Givenchy parmi de nombreux autres, a eu lieu le dernier week-end de novembre, fort de toutes les personnalités qui ont fait de cet espace un lieu particulier. Si une première salle permet d’avoir accès aux œuvres de Robert Piguet, qu’il s’agisse de ses croquis, des images de ses œuvres ou encore de son parfum (créé en version XXL en guise de vitrine!), une exposition temporaire fait un bond dans le temps avec une collection éclatante et contemporaine. Le styliste Kevin Germanier a pu présenter ses créations ainsi que son concept d’upcycling lors du vernissage (jusqu'au 24.12.22). Le Valaisan a notamment fait un parallèle avec Robert Piguet, sa source d’inspiration et de motivation en termes de carrière dans le milieu de la mode en Suisse. Entre la sobriété de Robert Piguet et les sequins de Kevin Germanier, ce dernier a ainsi pu faire voyager les invités dans le temps, entre deux expos que sépare un siècle d’évolution des tendances.
Exposé au Musée d’Yverdon et région, le styliste suisse Kevin Germanier goûte à une reconnaissance internationale, notamment pour sa mode durable. Interview.
Entre glamour, paillettes et écoresponsabilité, Kevin Germanier a trouvé son équilibre. Le jeune styliste valaisan habille les grandes stars internationales. Sous les projecteurs, ses tenues ont brillé portées par Beyoncé, Lady Gaga, Taylor Swift, Björk ou encore Rihanna. Du Valais à la Fashion Week de Paris, le trentenaire garde un pied dans son pays, puisque quelques créations sont actuellement exposées au Musée d’Yverdon et région, en parallèle à l’exposition en hommage au créateur Robert Piguet. La maison Germanier, qui s’est imposée à Paris et dans le monde sélectif de la mode, tout en restant familiale, se distingue notamment par son concept durable d’upcycling, soit l’art de recycler et valoriser des matériaux abandonnés, destinés à devenir des déchets. Et pour Kevin Germanier, la durabilité dans la mode n’est pas une option.
Dans la collection exposée au Musée d’Yverdon, il y a des pièces dont les tissus proviennent d’invendus. Où allez-vous les dénicher?
Cela dépend. Maintenant ce sont aussi les gens qui nous contactent pour nous en donner. Cela vient beaucoup de Chine, car il y a énormément de déchets là-bas. Mais ça peut être les studios Disney, le Moulin Rouge, Swarovski ou Christian Louboutin par exemple. Donc ça vient de plein d’horizons.
Quelle place occupe la durabilité dans votre travail?
Toute! Tout est recyclé: les boutons, les fermetures éclair, les doublures, les plumes, tout. Mais on le fait naturellement, on ne l’utilise pas comme outil marketing pour faire croire que l’on est durables. Ça doit juste être normal.
Vous avez commencé votre carrière avec ce créneau?
Pas du tout. Je n’avais pas d’argent, je suis parti à Londres et j’ai commencé à aller dans les friperies parce que c’était moins cher d’acheter un vieux duvet et de le découper pour réaliser des projets que d’acheter neuf.
Qu’est-ce qui inspire vos collections?
Les déchets que je trouve. Si je ne trouve que des choses qui sont de couleurs sombres, du noir ou du brun par exemple, alors la collection sera dark (ndlr: sombre, en anglais). Cela dépend aussi des stocks de Swarovski, de ce qu’ils mettent à disposition. Donc c’est vraiment ce que je trouve qui va me donner une palette de couleurs et une collection.
Et puisque vous partagez temporairement cette exposition, que vous inspire Robert Piguet, créateur suisse lui aussi?
C’est mon seul modèle suisse. Ça a toujours été Robert Piguet. Car ce n’est pas parce qu’on est Suisses que l’on n’a rien à dire. Au contraire, on a certainement beaucoup de choses à dire. Donc c’est vraiment un exemple de carrière pour moi.
Justement, vous avez parlé du savoir-faire suisse lors du vernissage. Comment le défendre dans ce milieu-là?
Il ne faut pas essayer de s’approprier quelque chose qui n’est pas à nous. Pour le savoir-faire, j’ai demandé autour de moi. En commençant par le tricot, j’ai demandé à ma grand-maman. C’est comme ça que, de génération en génération, on perpétue le savoir-faire. Il ne faut pas avoir peur de demander, comme mon envie de travailler avec la dentelle de Saint-Gall par exemple. Il y a plein de choses à exploiter.
Donc le potentiel est là!
Oui, il suffit de le moderniser un peu! On n’a rien inventé, mais repris ce qui a déjà été fait et on le twiste pour le rendre plus moderne.
Est-on obligés de quitter la Suisse pour se faire une place dans la mode?
J’ai l’impression que, malheureusement, en Suisse, il faut partir faire ses preuves ailleurs pour être reconnu. Mais il ne faut pas jouer la victime en mettant la faute sur notre pays. Que peut-on faire? Finalement, quand on est ambitieux, ça ne s’arrête pas à la Suisse, ça s’arrête au monde. La Suisse est toujours là, je suis Suisse et je ne vais pas changer d’identité. Au contraire, je représente mon pays.
Au-delà de la durabilité, une autre ligne directrice guide-t-elle vos créations?
Oui, c’est toujours très futuriste, inspiré des jeux vidéos. J’adore le moment où on créé le personnage, avant de jouer, là où on choisit la couleur des cheveux, etc. C’était un peu mon échappatoire et j’imagine que ça l’est encore un peu... Je joue toujours aux jeux vidéos à 30 ans!
au Musée d’Yverdon et région, le Château, 1400 Yverdon-les-Bains.
Heures d’ouverture: du mercredi au dimanche, de 11h à 18h. Tarif: CHF 5.- (adulte); CHF 3.- (réduit); CHF 2.- (enfant de 6 à 16 ans).
Des visites des réserves sont possibles sur demande pour des petits groupes (7 personnes max). Merci de contacter la direction admin@museemode.ch
Musée Suisse de la Mode
Ce livre commémoratif a pour mission de présenter la vaste et somptueuse collection du musée à travers une sélection de près de 80 photographies inédites, allant de pièces historiques rares aux vêtements signés par les plus grands couturiers du 20e siècle.
Pour la première fois, depuis qu’ils furent soigneusement consignés et condamnés au silence, ces vêtements prennent la parole, se souviennent et nous racontent les grands bals, les réceptions diplomatiques, les événements uniques dont ils furent les témoins.
Prix du livre: CHF 40.–
À la question «Parmi les célèbres couturiers formés par l’Yverdonnois Robert Piguet, lequel a été son premier élève?», la bonne réponse était «Christian Dior». En jeu, 2 magnifiques livres «Haute c...
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