L’appel de la pierre

A priori, rien ne laissait présager dans la vie d’André Reymond qu’un jour, il deviendrait sculpteur sur pierre. Après une scolarité tumultueuse et un apprentissage de maçon, il enchaîne divers emplois, qu’il accomplit au mieux, mais sans réelle conviction ni passion. C’est comme si une voix intérieure le poussait à devoir changer, à bouger, à chercher encore et encore son destin, sa raison d’être. Ce n’est qu’à l’âge de 42 ans qu’enfin, l’appel de la pierre se fait entendre, et que sa vie bascule… du bon côté. Un artiste est né, et quel artiste !

Ce changement radical remonte à un jour de Pâques, en 2014. Lors d’une promenade sur un chemin qui longeait le lac de son enfance, André se retrouve face à face avec une énorme pierre, parfaite, de forme ovale. Figé, frappé d’une sorte de foudre intérieure, il a comme l’impression que, telle une sentinelle silencieuse, cette pierre l’attendait… depuis toujours. Faut-il l’emmener avec lui? Pas de doute, aucune hésitation, c’est comme s’il savait exactement ce qu’il devait faire. Parvenu chez lui, c’est avec tout son corps, ses mains et son âme qu’il crée pour la première fois une œuvre unique, inspirante. Le sort en est jeté, sculpteur il sera.

Pour ce sculpteur insolite, les pierres ont de multiples visages, aux identités infinies et secrètes. Il va sans trêve à leur rencontre sur les chemins et les rivières de son Jura natal. Qu’elles soient de calcaire, serpentines, de granit ou de marbre, il les métamorphose en réalisant des œuvres fonctionnelles ou purement artistiques, telles que vasques, fontaines, plats, sculptures uniques. Avec la pierre, tout est devenu possible pour André Reymond. Il a atteint sa destinée dans une dimension mystique qui lui ouvre toutes grandes les portes du domaine de l’intemporel, qu’il cherchait sans le savoir depuis si longtemps.